Je suis né à Cahors, il y a 66 ans, donc j’ai un attachement à la vallée du Lot qui est viscéral. Après j’ai fait ma carrière de journaliste à Bordeaux, à Toulouse et à Paris. Mais mon berceau c’est la vallée du Lot, j’en connais tous les coins et recoins. Je ne suis bien que là, et quand j’étais éloigné auparavant je savais qu’il suffisait que je vienne dans le Lot pour me ressourcer. Par conséquent, je me suis toujours débrouillé, même quand j’étais en poste à Bordeaux ou à Toulouse, pour avoir une maison ici à Albas, qui était alors une maison d’écriture. J’en avais une aussi à Labastide du Vert où je venais les week-ends pour écrire mes romans et mes articles [...]. Aujourd’hui cela fait deux ans que je suis Maire à Albas, et mais aussi vice-président de la communauté de communes de la vallée du Lot et du vignoble, en charge du Tourisme.
La Vallée du Lot reste très préservée finalement, elle n’a pas été trop âbimée par les constructions des années 60. La vallée du Lot c’est avant tout une vallée fertile où il y a de la vigne, du tabac... Donc à l’époque on a cédé du terrain pour construire quelques lotissements, mais néanmoins ça a été fait à la marge, ce qui fait qu’on a une vallée du Lot qui a gardé ses spécificités. [...]
Alors Albas n’a pas été touchée car elle a été protégée, tout comme Saint-Cirq-Lapopie [...]. Albas, c’était un second Saint-Cirq-Lapopie, mais qui n’a pas été trop fréquenté touristiquement. On s’aperçoit que ce village a sensiblement les mêmes atouts : on est sur les anciennes résidences des Evêques de Cahors, qui avaient bon goût. A chaque fois qu’ils plantaient un château, ils étaient défensifs certes mais ils s’arrangeaient pour que l’architecture soit belle. Donc on a une vallée du Lot qui a beaucoup d’atouts mais pour ce qui est sur le plan touristique... Les gens qui viennent dans le Lot vont d’abord à Rocamadour et Padirac, et accessoirement à Cahors, Saint-Cirq-Lapopie et Figeac mais ils en oublient cette partie de la vallée du Lot qui est quand même la partie vouée à la vigne et au vin. Or Cahors est connue pour son vignoble, et il est précisément entre Cahors et Vire-sur-Lot. Il faut qu’on développe l’œnotourisme car Cahors est connu par son vin, mais il faut faire en sorte que les gens traînent leurs guêtres dans les vignobles et là, il y a du travail à faire en ce sens [...].
Nous à Albas on a un projet de « boussole observatoire ». On a un endroit stratégique d'où l’on voit deux méandres de la vallée, et on voudrait en faire un lieu d’observation avec une plateforme suspendue dans le vide. [...] Et la nuit ce serait un lieu d’observation des étoiles. C’est un projet qui est assez lourd pour lequel la région va pouvoir être impliquée et certainement l’Europe, ainsi que le CNES pour la partie astronomie. [...] C’est un projet émergent, qui suscite beaucoup d’enthousiasme auprès de tous ceux qui en ont déjà eu connaissance, mais après reste la faisabilité [...]. On a un site extraordinaire, et ça c’est un projet touristique qui peut être un point d’encrage en matière de tourisme dans les années à venir.
L'autre projet sur lequel je suis ce sont les jardins d’Henri Martin à Marquayrol. Vous savez on a le musée d’Henri Martin qui va ouvrir ce printemps avec toutes ses collections, et il y a un de mes amis qui a racheté la maison d’Henri Martin à Labastide-du-Vert qui est une maison de maître. Et Henri Martin avait fait construire des jardins magnifiques, un peu comme Giverny avec Claude Monet. [...] on a créé une association qui réhabilite ces jardins avec des bassins, des allées de Buis, des gloriettes... Parce que le peintre a peint énormément son jardin, donc nous voulons en faire un lieu de découverte [...}. Là on est en train de remettre en état le jardin qu’on va ouvrir ponctuellement cet été, et après on va le développer. Ce sera aussi un lieu culturel. Donc je pense que c’est un beau projet pour la vallée du Lot.
Alors oui l’œnologie, je suis l’auteur de la série télévisée « Le sang de la Vigne » avec Pierre Arditi, donc j’ai bien une passion pour le vin. Je m’appelle « Alaux » mais je ne bois pas d’ordre général que de l’eau ! Après oui finalement j’aime ma région, j’ai plusieurs cordes à mon arc, mais je cherche un peu à être ambassadeur de cette région parce que je l’aime et qu’elle a beaucoup d’atout et qu’il faut la préserver.
Il y a la voie verte qui va être un atout fantastique aussi. Il faut en faire une priorité pour que ce soit une réalité rapidement [...]. Vous savez on pense aux retraités qui vont sur la Côte d’Azur car le soleil est garanti, mais on pourrait très bien les faire venir dans notre Lot car le soleil est aussi là, et il y a des beaux paysages et on a du patrimoine et une diversité de nos terroirs. Quand on est à Martel ça n’a rien à voir avec Montcuq, c’est ça nos atouts. [...]
Déjà on peut dire merci à Georges Pompidou qui a permis la prise du décret AOC dans les 70. Ce vin qui était considéré comme âpre, costaud, est devenu de plus en plus élégant grâce à la jeune génération de viticulteurs qui a transformé ce vin de Cahors et qui a fait un travail remarquable.[...] mais il y a encore beaucoup de travail à faire pour que le Cahors rentre pleinement dans les esprits. Mais c‘est une belle mutation, que l’on doit à la jeune génération de vignerons qui a entre 30 et 40 ans, qui ont su développer à export, c’est tant mieux.[...] On connaissait le Cahors, il avait une image un peu archaïque, un peu poussiéreuse, qui se retrouve bien mise en avant grâce à ces mousquetaires de vins, les jeunes producteurs, qui ont fait du très bon boulot partout. De chez Vigouroux au château de Gaudou... Il y a plein de viticulteur qui ont fait un travail pour des vins plus élégants, souples, plus conformes à ce qu’attendent les consommateurs.
Ah un lieu où j’aime bien me rendre... C’est Notre-Dame de l’île à Luzech. C’est une petite chapelle au milieu des vignes. C’est un lieu qui m’apaise... Moi j’aime l’eau, et il y a cette proximité de la rivière, la chapelle qui était censée protéger les bateliers quand le Lot était navigable sur cette portion. On est au milieu des vignes, Luzech n’est pas loin donc il y a la civilisation. Et les romains n’étaient pas loin donc il y a de l’Histoire. Saint Vincent rive d’Olt qui est à côté, qui est un très beau petit village. Voilà, c’est un des lieux que j’aime bien, indépendamment de Marquayrol, de la maison Henri Martin, qui est un lieu que j’ai toujours côtoyé de loin quand j’habitais Labastide-du-Vert, et maintenant que je côtoie de près et qui est un lieu qui m’inspire beaucoup, d’ailleurs je sors un bouquin qui va sortir cet été qui va s’appeler "Les jardins Marquayrol, les jardins d’Henri Martin" il sera disponible au mois d'avril.
Je crois que quand on est journaliste on l’est jusqu’à la fin de sa vie. Le journalisme c’est la curiosité, l’écriture pour moi c’est une manière de vivre, une manière de faire rêver les gens aussi, raconter les histoires. Quant aux responsabilités ça a été le hasard qui a voulu que je sois Maire, on est venu me chercher. Et à partir du moment où j'ai été élu, je me suis dis si tu es élu au moins que tu en fasses quelque chose de positif, c’est pour ça que j’ai pris le tourisme parce que c’est ce qui est le plus proche de mes occupations et puis le patrimoine et puis la mise en valeur. Donc je mélange les trois avec j’espère un peu d’harmonie mais pfff je fais les trois en même temps. Comme M. Jourdain qui faisait de la poésie sans le savoir, je fais de la politique sans trop me poser de questions ; l’important c’est de faire avancer les dossiers, que l’on parle toujours plus du Lot et plutôt en bien.